LES CRÉATURES DE LA ROUTE
SALLE 1
SALLE 2
SYNOPSIS
Imaginer, à partir de fragments rouillés
et imprimés dans le bitume,
une réalité alternative où le véhicule
est un être archaïque à l’ossature métallique.
Puis, reconstruire l’imaginaire de la route d’après des créatures inventées par intelligence artificielle.
Pépite & Josèphe lors de la marche de 90km entre l’Estrie et la Montérégie reliant leur atelier (Sutton) et le site d’excavation des créatures de la route (Jardin Daniel A. Séguin, Saint-Hyacinthe), 2023
Premier jour de collecte
Deuxème jour de collecte
Troisième jour de collecte
LA MARCHE ET L'IMPRESSION DU TERRITOIRE
Lors de nos marches quotidiennes, nous trouvons en bordure de route des fragments de véhicules rouillés. La forme de ces artéfacts porteurs d’histoires nous attire particulièrement. Depuis 2016, nous collectons ces restes qui nous relient à l’expérience de la marche, un mode de déplacement que nous privilégions particulièrement en ville comme en région.
Faisant s'inscrire nos corps dans un mouvement naturel, la marche recentre nos esprits dans le présent nous offrant alors le contexte idéal pour être disponibles aux paysages et aux territoires qui nous entourent et nous habitent. Marcher en marge des routes fait réaliser la précarité de l’humain en tant qu’espèce face à la vitesse. Ce mode déplacement nous confronte aux modes de vie contemporain nettement marqués par l’accélération sociale. Nous constatons alors, de visu, l’ampleur qu’ont les infrastructures routières dans le paysage côtoyé, la pollution que ces dernières génèrent, l’exploitation et l’appauvrissement des sols nécessaire à l’extraction de l’énergie fossile que notre rythme de vie implique … Dans cette démesure où l’automobile a le monopole du voyagement routier et où le bitume nous sépare littéralement de la terre, les bipèdes humains sont devenus inaptes à se déplacer naturellement. Nous sommes saisis. Les besoins sans cesse grandissants de l’être humain ont un impact violent, réel et direct sur le territoire. Quand on pense au fait que les autoroutes, aujourd’hui si familières, étaient hier de discrets sentiers frayés par les animaux de la forêt… L’envie nous prend de penser autrement notre rapport à la route. Ce que nous proposons est une extraction de la réalité afin de réimaginer les récits qui construisent l’histoire des routes nord-américaines, partie intégrante du panorama québécois actuel.
Invitant au ralentissement et à la découverte, l’exposition présente un bestiaire de créatures inventées d’abord par intelligence artificielle, puis recréées à partir de pièces de voiture métalliques trouvées à même la chaussée de la route lors d’un récent pèlerinage de 90 km reliant les régions de l’Estrie et de la Montérégie (SALLE 2). Dans l’espoir de revaloriser ces artéfacts en leur conférant de nouvelles significations, huit créatures de la route ont été à ce jour découvertes, excavées, assemblées, puis archivées par impressions cyanotypes (SALLE 1). Ce travail invite à explorer les potentiels romantique, poétique et narratif de nos trajectoires routières, voire à imaginer un monde où ces monumentales infrastructures impudemment apposées sur l’étendue du territoire auraient un sens différent que celui d’une productivité dominante. De vivre la transition, le déplacement, le mouvement à l’échelle humaine, corporelle, transforme cet espace transitoire que représente la route en un site hautement significatif. Racontant l’expérience d’un pèlerinage allant à l’encontre de la vitesse environnante actuelle, ce projet, combinant art d’impression et art numérique, incite à repenser nos manières de parcourir les distances et d’envisager les espaces transitoires. Il s’agit d’un éloge à la lenteur ; à l’emprunt de ces détours essentiels qu’offrent la marche, l’art et l’imaginaire pour approfondir notre rapport au monde.
Portrait des artistes lors du pèlerinage Sutton/Saint-Hyacinthe, 2023
À PROPOS DES ARTISTES
Pépite & Josèphe sont originaires de Montréal, territoire non-cédé de Tiohtià :ke / Mooniyang. Le duo a été formé en 2016 par Vincent Biron-Chalifour et Josèphe Landreville. Pépite (né 1994) a obtenu son BFA en photographie à l’Université Concordia (2018) et Josèphe (née 1993) sa maitrise en arts visuels et médiatiques à l’UQÀM (2021).
Partageant sa vie entre Sutton et Montréal, le duo a présenté sa première exposition individuelle à la galerie de l’Atelier Circulaire à Montréal en 2020. Depuis, son travail a été sélectionné pour être présenté lors d’expositions solos au Québec, notamment à Saint-Hyacinthe au Jardin DAS en partenariat avec le Centre EXPRESSION (2023), à Longueuil au centre d’artistes Zocalo (2023), à Montréal à la Galerie B-312 (2024), à Winnipeg à la Maison des artistes visuels francophones (2024), à Victoriaville au Centre d’art actuel Atoll (2024) et à Sherbrooke au Centre d’artistes Sporobole dans le cadre de la mission photographique de l’Estrie en partenariat avec les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie (2024-2025).
Pépite & Josèphe ont participé à des résidences d’artistes dont deux dans la ville de Québec (Engramme, Bande Vidéo) et deux autres à Montréal (Espace Limina, Galerie B-312) ainsi qu’à plusieurs expositions collectives dans leur ville natale, notamment Migrations, en cours jusqu’en 2024 au musée de la Biosphère. Leur premier projet de commissariat sera diffusé à l’espace culturel de l’Université de Sherbrooke-Campus de Longueuil en 2024 lequel présentera le travail de deux autres duos d’artistes œuvrant en art d’impression. Lauréat des prix d’excellence Robert-Wolfe et Albert Dumouchel (2017), le duo a reçu la bourse de production Arprim (2018), une nomination par le jury de la bourse Plein sud (2020) ainsi qu’une bourse du CALQ en recherche et exploration (2022).
Depuis 2016, le duo met aussi en pratique une approche particulière à la commande nommée les tableaux-extension. À ce jour, plus d’une dizaine de ces tableaux ont été réalisés pour des personnes et des espaces de vies de particuliers.
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